Missionnaire en Asie de 2007 à 2024, essentiellement au Vietnam, je suis à Rome depuis l'été 2024. Passionné par le Christ et les gens, je suis heureux d'être missionnaire. Missionary in Asia for 17 years until 2024, I now live in Rome. I am happy to serve God and I am in love with people in general.
L’avantage dans la vie religieuse et missionnaire, c’est que l’on sait que la vie ne sera pas linéaire. A de nombreuses reprises, on se retrouve à vivre avec de nouvelles personnes, dans un nouveau contexte, parfois un nouveau pays, avec une mission qui doit durer un certain temps pour que des projets se mettent en place, mais qui ne s’éternisera pas indéfiniment, au risque de perdre en créativité et en enthousiasme. Bien sûr les étapes de la vie façonnent notre personnalité et nos engagements. On ne part jamais d’une feuille blanche dans une nouvelle mission et le nouvel environnement n’est pas la promesse d’un nouveau départ qui ferait fi de ce qui a été vécu jusque là. De plus, toute mission a ses côtés positifs et ses côtés négatifs.
En travaillant depuis cinq mois comme père spirituel dans un collège pour plus de 150 prêtres africains et asiatiques (et deux prêtes latino-américains) qui viennent à Rome pour faire des études de troisième cycle (licence et doctorat), plusieurs choses positives me viennent à l’esprit. Tout d’abord, la fraternité et la simplicité que nous avons construites en peu de temps avec les prêtres étudiants. Ils nous l’ont dit et nous le redisent, ils trouvent que le rapport avec l’équipe de formation est cordial et qu’on ne sent pas une distance entre prêtres ‘modérateurs’ (c’est le terme employé ici) et étudiants. Je pense que cette simplicité des rapports est due en grande partie à notre vécu missionnaire. Dans la mission, on cherche toujours à se faire proche des gens, à les respecter, à les aimer, et ils sont sensibles à cette attitude. Dans ce collège, je suis le seul « blanc » (ou européen) et très honnêtement, cela ne me pose aucune difficulté. Au collège, nous sommes issus de 37 nations. Je sais par expérience qu’il existe une grande diversité de cultures dans un même continent, et qu’au sein d’une même culture, les caractères, eux, restent bien distincts. Aussi ma propre différence d’avec les autres, n’est de fait qu’un élément parmi tant d’autres de ce panel multiculturel.
Ce qui me plait aussi énormément à Rome, c’est la facilité que j’ai pour apprendre l’italien. Apprendre est un grand mot, étant donné que je ne fais pas beaucoup d’efforts pour étudier systématiquement la langue, mais quand on me parle, je comprends énormément de ce qui est dit et je m’exprime avec une relative aisance. Evidemment, je ne compte pas en rester là, les lectures et les rencontres (et l’étude systématique…) continueront d’affiner ma connaissance de la langue italienne. Mais quand je vois que je me suis efforcé pendant tant d’années à maitriser une langue asiatique et que n’y suis arrivé qu’en partie seulement, quel plaisir de pouvoir communiquer aussi aisément en italien ! Mais la dureté de l’apprentissage du Vietnamien me sert encore aujourd’hui pour une chose essentielle : comprendre que pour les prêtres étrangers venus d’Afrique et surtout d’Asie, étudier en italien, c’est un sacrifice terrible. Combien je les admire !
Quant à mon rôle de « père spirituel » du collège Saint-Paul, je me laisse du temps pour comprendre quelles sont les attentes par rapport à cette mission. Je vis avec des prêtres et non des séminaristes. Ils ont été en formation pendant des années. Ils ont ensuite travaillé pendant quelques années dans leur diocèse. Mon travail n’est donc en rien celui d’un « directeur spirituel » au sens où on l’entendrait dans un séminaire. Il s’agit bien plus de faire des propositions que d’exiger des choses. Ainsi la messe au Collège est « facultative » ; il en est de même pour les offices, les conférences, les activités en dehors. Cette liberté dont jouissent les prêtres peut engendrer parfois un manque de cohésion du groupe et un manque de discipline personnelle de certains, mais la vie chrétienne est ainsi faite. Dieu ne s’impose pas, Il fait signe. J’espère pouvoir être attentif aux besoins des uns et des autres, et grandir moi-même dans la profondeur de la vie spirituelle et fraternelle, pour être un bon père spirituel. Que Dieu me guide !