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20 novembre 2023 1 20 /11 /novembre /2023 03:20

Il y a cinquante ans, notre Congrégation faisait un pas prophétique dans son histoire en se tournant vers un pays musulman d'Asie, le Pakistan, pour soutenir les minorités chrétiennes et favoriser le dialogue interreligieux avec les musulmans, un dialogue déjà mis en œuvre dans de nombreux pays d'Afrique. Il y a 25 ans, le Père Pierre Schouver et son conseil décidaient que la Congrégation élargirait nouvellement notre présence spiritaine en Asie. Des communautés ont été ouvertes aux Philippines (1997), à Taiwan (1997), au Vietnam (2007) et en Inde (2010). Certains confrères ont remis en question cette orientation du généralat. Les Spiritains travaillaient déjà dans plus de 50 pays sur quatre continents, et il est toujours difficile de trouver des confrères pour donner de la stabilité à nos communautés actuelles, pourquoi avoir donc élargi nos horizons pour atteindre un continent qui nous était encore largement inconnu ? Il est vrai que déjà à l'époque de Poullart des Places, certains placistes (disciples de Poullart des Places) avaient atteint des régions d'extrême orient comme la Chine, le Vietnam ou le Cambodge, et plus récemment nous avions été en Inde au 19ème siècle pendant quarante ans... mais à part quelques précieux tombeaux de nos ancêtres spiritains, il n'y a pas eu de continuité dans notre présence là-bas. Qu'avait donc en tête le généralat à l'époque de Pierre Schouver ? Nos archivistes pourraient certainement répondre à cette question, mais ce qui importe plus, c'est de savoir où nous en sommes aujourd'hui... Notre présence en Asie a-t-elle un sens pour les Asiatiques eux-mêmes, pour nos confrères engagés sur ce continent et pour notre Congrégation dans son ensemble ?

Si la question du sens de notre présence était liée à celle de statistiques et de chiffres, soyons honnêtes, notre présence en Asie ne serait pas significative ni pour la population asiatique (1/3 de la population mondiale), ni pour son Eglise, ni même pour notre Congrégation. Le nombre de Spiritains qui ont travaillé en Asie jusqu'à présent n'atteint pas cent personnes et nos confrères zélés n'ont pas fait de grandes conversions dans les endroits où ils ont été envoyés. A l'exception de la circonscription Vietnam-Inde où notre groupe croît rapidement (20 profès définitifs et 40 frères en formation après 15 ans de présence), les Spiritains originaires d'autres pays asiatiques sont moins de cinq membres dans les autres pays où nous travaillons. Mais assez de statistiques ! Depuis quand Dieu regarde-t-il les chiffres pour voir si ses envoyés trouvent grâce à ses yeux ? La Bible est pleine de gens qui ont compté sur leurs propres forces pour voir s'ils pouvaient faire face aux défis, et qui, pour cette même raison, ont flanché. Il ne faut pas confondre présence significative avec efficacité.

25 ans de mission spiritaine en Asie du Sud-Est !
25 ans de mission spiritaine en Asie du Sud-Est !

Notre présence en Asie est significative pour de nombreuses raisons. Tout d'abord, parce que dans une congrégation où les confrères africains constituent aujourd'hui la grande majorité des confrères actifs dans les missions, rejoindre l'Asie est une manière de construire des ponts entre des continents qui restent largement inconnus les uns des autres. Historiquement, les Européens se sont déplacés vers de nombreux continents pendant plusieurs siècles. Les Africains ont également atteint l'Amérique dans des circonstances douloureuses, mais ils se sont progressivement fondus dans les populations locales et ont construit leur propre identité afro-américaine. Les Africains et les Européens sont voisins depuis la création du monde et, bien que l'histoire de la colonisation ait également apporté des souvenirs douloureux à de nombreux peuples autochtones, ils ont appris à se connaître. L'Australie est également un continent de migrations.

Au XXème siècle, les Indiens et les Chinois se sont installés en Afrique et sur les autres continents pour y faire des affaires. Leurs épiceries, supérettes et restaurants sont désormais célèbres dans le monde entier. Cependant, de nombreuses personnes continuent de regarder les Asiatiques avec méfiance. Les gouvernements asiatiques, quant à eux, imposent toujours des restrictions très strictes aux migrants de tous les continents. Si nous devions demander aux populations de nos pays d'origine respectifs sur les quatre continents restants ce qu'elles savent de l'Asie, leurs réponses seraient probablement très limitées. Ils diraient : "Les Asiatiques produisent des produits de haute technologie et des produits bon marché, les Asiatiques sont très nombreux et prennent le leadership de l'économie mondiale,..." En fait, les gens répondraient par des affirmations générales et superficielles, montrant qu'ils ne connaissent pas grand-chose à l'Asie. C'est pourquoi il n'y a pas de meilleur moyen de se connaître que de se rencontrer, de vivre et de travailler ensemble. Et c'est là que les missionnaires jouent un rôle clé dans la compréhension mutuelle. Nos amis asiatiques, paroissiens ou frères en formation, en côtoyant les missionnaires, découvrent que leurs cultures sont très diversifiées et, bien sûr, que leurs caractères et leurs façons de mener à bien le travail missionnaire sont également très liés à lors origines. En tant que missionnaires, nous comprenons également à notre tour qu'il n'existe pas une unique culture asiatique. Comme partout, le climat, la topographie, la religion, l'histoire nationale,... ont façonné les cultures des peuples. Quelles que soient les différences entre les peuples d’Asie, il existe néanmoins des caractéristiques générales qui identifient les Asiatiques et les rendent uniques. Ainsi en est-il de L'harmonie, une valeur très chère à l'Asie. L'harmonie signifie que l'on cherche ensemble un terrain d'entente qui satisferait chaque personne, du moins jusqu'à un certain point. Le manque d'harmonie survient lorsque les gens considèrent que leur propre point de vue est plus important que le consensus du groupe, ce qui conduit inévitablement à des conflits. Même si les conflits existent dans la culture asiatique, ils restent la plupart du temps cachés, précisément pour éviter de "perdre la face" et de mettre en jeu la stabilité de la société.

Les Spiritains sont aux Philippines depuis 25 ans, à égalité avec Taiwan, quelle fidélité !
Les Spiritains sont aux Philippines depuis 25 ans, à égalité avec Taiwan, quelle fidélité !
Les Spiritains sont aux Philippines depuis 25 ans, à égalité avec Taiwan, quelle fidélité !

Les Spiritains sont aux Philippines depuis 25 ans, à égalité avec Taiwan, quelle fidélité !

Une autre valeur importante de la société asiatique (en général) est le respect des nombreuses croyances ou religions. Toutes les grandes religions du monde sont originaires d'Asie et le fait d'être croyant est considéré comme normal et positif. Dans bien des pays d’Asie, les gens acceptent assez facilement la diversité des religions et affichent ostensiblement la leur. En entrant dans leur maison, on peut voir de nombreuses icônes religieuses, ainsi que les photos des membres de la famille qui sont décédés. Comme l'affirme notre dernier chapitre général, le dialogue interreligieux fait partie intégrante de la mission spiritaine dans le monde d'aujourd'hui. (Bagamoyo II, chapitre III). Où en sommes-nous, en tant que Spiritains en Asie, par rapport à cet engagement ? Nous nous sommes engagés dans les deux premières étapes du dialogue interreligieux : le dialogue de la vie et des actions. Nous vivons parmi les gens et nous nous engageons avec eux dans des projets caritatifs. Le dialogue sur l'expérience religieuse et l'échange théologique est plus difficile. Il exige de maîtriser la langue. Par ailleurs, il y a une crainte de nombreux croyants en Asie de tomber dans le syncrétisme lorsqu’on pratique le dialogue interreligieux et que l’on est soi-même en minorité dans des sociétés majoritairement bouddhistes, hindouistes ou adeptes de religions traditionnelles considérées comme superstitieuses.

Comment les Spiritains se sentent-ils dans le monde asiatique ? Bien sûr, chaque Spiritain a sa propre réponse. Comme c'est le cas dans les autres pays où nous travaillons dans le monde entier, certains confrères ne parviennent pas à s'adapter à un environnement entièrement nouveau, d'autres s'efforcent de s'adapter et servent bon gré mal gré pendant quelques années dans le lieu où ils ont été affectés ; une minorité se sent vraiment chez elle et ne ressent pas le besoin de retourner dans sa circonscription d'origine ou dans tout autre lieu.

Qu'en est-il de l'Église diocésaine locale ? Nous connaît-elle ? Certains évêques nous connaissent et collaborent avec nous, mais sur un continent immense où de nombreuses grandes congrégations nous ont précédés, soyons honnêtes, notre présence reste largement inconnue. Rappelons-nous cependant que l'évangélisation ne se fait pas en un jour. Il a fallu des siècles pour évangéliser les autres continents et la déchristianisation de nombre de nos pays d'origine nous rappelle que l'évangélisation est un processus continu, sans cesse à reprendre, à retravailler. L'Asie reste le plus grand continent en termes de populations qui n'ont jamais entendu ou à peine entendu parler de la Bonne Nouvelle, une priorité pour nous en tant que Spiritains (Cfr. SRL 4).

13 ans de présence en Inde, le temps passe vite et les vocations voietn le jour !

13 ans de présence en Inde, le temps passe vite et les vocations voietn le jour !

Notre monde est également marqué par une réalité paradoxale. Les politiques sont de plus en plus réticents à accepter les migrants (et en tant que missionnaires, nous sommes également victimes de leurs politiques), mais le nombre de migrants augmente partout pour de multiples raisons. Les missionnaires étant eux-mêmes des migrants, ils sont plus sensibles à la situation des migrants, qu'ils soient originaires de leur propre pays ou des pays où ils travaillent. Les Indiens, les Philippins, les Vietnamiens, les Chinois arrivent dans de nombreux pays du monde. Pour nous, c'est un devoir, une mission et une joie de les accueillir dans nos pays d'origine et de faciliter leur intégration. Dans les pays asiatiques où nous travaillons, nous prêtons également attention aux migrants internes, qui viennent de la campagne vers les villes à la recherche d'une vie meilleure et d'opportunités d'emploi. (Cfr. Bagamoyo chapitre 2, numéro 17)

Enfin, n'oublions pas que dans notre congrégation, il y a un changement majeur en termes de vocations religieuses. Nous insistons sur la nécessité de vivre en communautés internationales (cf.Bagamoyo II, chapitre 7) et nous le faisons, mais qu'en est-il de l’inter-continentalité de nos communautés? Les vocations occidentales et sud-américaines sont maintenant réduites à moins de 5% du nombre total de vocations dans notre congrégation. En Asie, par contre, il y a encore des pays où des jeunes sont prêts à s'engager dans la vie religieuse et à découvrir la vie missionnaire. Des jeunes spiritains viennent de l'Inde, du Vietnam, des Philippines, d’autres pourraient venir de pays encore inconnus pour nous, comme l'Indonésie, le Timor oriental, la Chine,... L'Esprit Saint nous interroge à travers Bagamoyo II : sommes-nous prêts à abandonner certains anciens engagements et à nous engager dans de nouveaux domaines de la mission? Oserions-nous faire confiance à la Providence et aller là où tout est à construire, sachant que lorsque les missionnaires sont généreux et prennent des initiatives, Dieu leur fournira toujours un abri et une Église locale pour les accueillir? Sommes-nous prêts à renforcer le visage international et intercontinental de nos communautés spiritaines? (Cfr. Bagamoyo II, chapitre 7)

Saint Thomas, Saint François Xavier, une cinquantaine de Spiritains et bien d'autres missionnaires sont venus évangéliser l'Asie dès le début de l'Église. Ils étaient enthousiastes et beaucoup d'entre eux sont morts dans leur pays de mission. Ils nous demandent, comme le fait le pape François : sortirez-vous de votre zone de confort pour atteindre des horizons inconnus et découvrir la joie de la mission en terre asiatique ? L'Asie nous attend... répondons généreusement à l'appel de l'Esprit Saint !

Le Vietnam, une aventure couronnée de succès et elle ne fait que commencer !
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