Je reviens d’un pélérinage dans un sanctuaire Marial à Ta Pao (Phan Thiet), à 180 km de Saigon. J’étais parti en solo avec mon sac à dos, déterminé à faire la route à pied, mais n’ayant pas de bonnes chaussures de marche au Vietnam, après un jour et demi de marche et 44 km dans les pieds, j’ai du me résoudre à faire le reste en taxi-moto et en bus. Mes amis vietnamiens étaient un peu surpris de ma démarche. Partir sur les routes du Vietnam à pied et tout seul encore plus, n’est-ce pas dangereux et puis à quoi cela sert-il et surtout pourquoi tout seul ? Le pélérinage à pied est une tradition bien ancrée dans nos contrées européennes, cela fait du bien de marcher (en principe !) et cela permet de se retrouver seul à seul avec Dieu et avec soi-même.
Sur la route, la nature est superbe et les gens sont très accueillants. Comme prêtre (mais je suis sûr que comme laïc cela serait la même chose), arrivé à deux reprises dans l’après-midi dans des paroisses où je ne connaissais personne, j’ai été touché par l’accueil chaleureux et immédiat qui m’a été fait. Pas de souci, on m’offrait le couvert et le gite et on m’invitait même à présider la messe dans la paroisse et à faire l’homélie ! Arrivé au sanctuaire de Ta Pao après deux jours et demi de route, j’étais heureux d’y retrouver la communauté des Béatitudes que je connais bien. J’apprécie beaucoup les sanctuaires mariaux et ce qu’on appelle ‘’la piété populaire’’ : la récitation de chapelets, les chants, le fait même de toucher la statue de la Vierge et de se passer ensuite les mains sur le corps pour attirer les bénédictions de la Vierge sur soi-même. Le sanctuaire est sis sur une colline, on y accède par un escalier, la montée dure à peu près dix minutes pour les plus vaillants.
Notre Dame de Ta Pao où j'ai pu présider la messe avec la communauté des Béatitudes à plusieurs reprises...
Ce qui m’a frappé dans mon séjour dans les deux paroisses traversées et dans la communauté des béatitudes, c’est la simplicité de la vie des gens de la campagne. Pour beaucoup de chrétiens, la vie est rythmée par le travail quotidien, par la prière et la vie en communauté (famille et paroisse). Je n’aime pas présenter une vision idyllique de la vie à la campagne parce qu’on y a aussi son lot de difficultés et de problèmes, mais je dois dire que pour ceux qui prennent leur vie chrétienne au sérieux, c’est un cadre idéal pour se centrer sur l’essentiel. Le contraste avec la ville, son agitation constante, la modernité et le monde numérique, est frappant.
Les cascades de Ta Pao, un pélérinage, c'est aussi de la détente !
Cela me fait du bien de me déconnecter de mon environnement quotidien pour me retrouver plus intimement avec Dieu et avec moi-même. J’ai aussi pris le temps de lire et de finir des lectures qui autrement m’auraient sans doute pris des semaines à terminer si j’étais à la maison.En rentrant chez moi, j’essaie de garder cette simplicité expérimentée durant le pélérinage et j’apprécie la vie religieuse qui, à sa manière favorise aussi simplicité et profondeur. Prochain objectif (sur le long terme) : un pélérinage à La Vang (Centre du Vietnam) en mobylette (1000 km de Saigon !).