4 août 2019
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‘’Partir seul pendant trois semaines au Pérou à l’aventure, mais enfin mon père, vous n’y pensez pas ?’’ C’est avec une pointe de malice que je repense à cette conversation avec un couple d’amis boliviens à quelques jours de mon départ pour le Pérou. Après sept mois de présence en Bolivie dans la paroisse de Buenavista (à 100km de Santa Cruz) et après avoir aussi fait plusieurs périples touristiques dans ce beau pays, sachant que je quittais bientôt l’Amérique du Sud sans savoir si et quand j’y retournerais, j’ai voulu renouer avec des émotions d’antan. C’est vrai qu’à 45 ans, cela faisait un bail que je n’avais plus voyagé en sac à dos, à l’aventure. Mon dernier voyage date très exactement d’un pélérinage à pied de 250 km à Saint Jacques de Compostelle en 2005…
Contrairement aux touristes de masse qui font le Sud du Pérou, dont le célèbre Machu Pichu, j’avais décidé (à l’expérience, une excellente idée d’ailleurs) d’explorer surtout le Nord du Pérou. Le programme a été chargé, les chiffres en attestent : 4000 km en avion (trois trajets) ; 2384 km en bus et en voiture (dont 4 bus de nuit), et pas mal de dénivelés, passant à deux reprises du niveau de la mer à plus de 3000m et enfin record absolu, une ascension qui m’a emmené à 5120m d’altitude… Du jamais expérimenté…des heures de marche en ville ou à la montagne… Heureusement qu’il y avait la feuille de coca à mâcher pour contrer le mal d’altitude…
Les joies de ce voyage ? Innombrables. La première, le fait qu’en trois semaines de voyage, je n’ai dû dormir à l’hotel que deux nuits. Sur mon trajet, j’ai été accueilli successivement par un prêtre diocésain, trois communautés franciscaines et ma cousine Caroline et sa famille. Sacrée économie en hotel et restaurants ! C’est un fait, mais l’essentiel a surtout été ces multiples rencontres. J’ai pu aussi aller à la messe tous les jours et en plusieurs endroits j’ai même été invité à présider les célébrations. Et que de conversations avec les péruviens, l’occasion de pratiquer encore un peu plus mon espagnol !
Autre plaisir grandiose, la beauté des paysages du Pérou. En car, à pieds, en solo ou en excursion, la nature est absolument superbe et variée. Le côté culturel n’était pas en reste, puisque j’ai découvert de nombreuses civilisations pré-incas qui ne connaissaient pas encore l’écriture mais qui ont produit de formidables architectes, construisant des pyramides, des forteresses au sommêt des montagnes, maitrisant la métallurgie et l’art de faire des bijoux bien avant les occidentaux. La conquête espagnole et son architecture baroque n’était pas en reste dans les nombreuses églises visitées sur le chemin. Au rayon culinaire, j’ai fait aussi des découvertes entre les plats de poissons crus (chevice) (trop épicé la première fois…) et le cochon d’inde (pas fameux, ceci dit…)
Vous dites: un petit air de famille ?
Le clou du voyage a été mon séjour chez ma cousine Caroline mariée à un péruvien, Joel, parents de deux enfants adorables, Mateo et Camilo. Camilo est le plus jeune (4 ans) et il a un caractère plutôt indépendant. Mateo, sept ans, aussi à l’aise en Français qu’en Espagnol, était enchanté de connaitre son cousin de Belgique et le plaisir était partagé. Et quelle joie de connaitre un couple uni. Etant tous les trois bavards de nature, nous avons eu plein de chouettes conversations. Ils m’ont fait visité Lima (où j’ai d’ailleurs retrouvé des sœurs vietnamiennes que je connaissais bien de Saigon !) et m’ont emmené passer le début de la semaine Sainte à Ayacucho, dans le Sud du Pérou, une ville qui attire un monde fou lors de la semaine Sainte à cause de ses processions et son folklore. Ce fut un long voyage (le dernier du périple d’ailleurs) où en traversant les cols, nous avons même eu de la neige ! De retour à Lima, je suis reparti pour la Bolivie pour y passer la fin de la semaine Sainte et les dix derniers jours qui me restaient. Je ne sais pas si j’aurai encore l’occasion de faire un aussi long et beau périple dans ma vie mais pourquoi pas. Etre prêtre et missionnaire, c’est savoir rester un long temps avec un peuple qu’on apprend à connaitre, mais c’est parfois aussi oser l’aventure pour un temps plus court fait de découvertes et de rencontres. Le monde est vaste et il est beau et passionnant !
Published by csspmission