Saigon, February 2008.
Saigon, Février 2008.
Dear benefactors of the “Abandoned little angels” association,
Chers bienfaiteurs de l’association “Les petits anges abandonnés”
My name is Father Frédéric (in Vietnamese, my name is Trần Sỹ Hòa, I am from Belgium and I live in Vietnam for several months now. With others, I was invited by Mr and Mrs Toan to join the team of “Abandonned little angels” to visit 60 orphanages in the whole country of Vietnam. It took us about three weeks to achieve this goal. This was an extraordinary experience that I would like to share with you. The motto of this year is “Give a child a smile!” It is interesting for me to consider that smiling is a very natural attitude in Vietnam. Perhaps, it has to do with the fact that the Vietnamese society is incredibly young. Very often, I see children or teenagers, two on the same bike talking to each other and smiling! As foreigner, I draw attention and as I am able to speak a bit Vietnamese, (I study it for ten months now), my way of speaking makes people easily smiling and laughing! Apparently, the country needs everything but smile! Apparently yes, but actually the smile of many people and especially of the children is in danger, for many reasons that I would like to explain.
Je me présente. Je m’appelle Frédéric (en vietnamien, Trần Sỹ Hòa). Je suis Belge et je vis au Vietnam depuis quelques mois. Ensemble avec quelques prêtres et religieuses, j’ai été invité par Mr et Mme Toan à me joindre à l’équipe de l’association « Les petits anges abandonnés » pour visiter soixante orphelinats du Sud au Nord du Vietnam. Cela nous a pris trois semaines pour réaliser cet objectif. Je voudrais partager avec vous cette extraordinaire expérience. La devise de cette année était « Donner un sourire à un enfant ! ». Sourire est quelque chose de très naturel au Vietnam. Sans doute, est-ce lié au fait que la société vietnamienne est extrêmement jeune. Combien de fois au Vietnam m’arrive-t-il de croiser des enfants ou des adolescents à deux sur leur vélo en train de bavarder et de rire. En tant qu’étranger, j’attire aussi l’attention des vietnamiens et comme je peux parler un peu en vietnamien (cela fait dix mois que j’étudie la langue), ma manière de parler les fait naturellement sourire et rire ! S’il est vrai que sourire et rire sont des attitudes naturelles chez les vietnamiens, néanmoins je pense que le rire des vietnamiens est en danger, et spécialement celui des enfants, et cela pour plusieurs raisons, que je voudrais développer ici.
- “Dưng mắc cỡ!” “Don’t be ashamed!” Many times, we met children who didn’t smile immediately when we approached them, because of ‘mắc cỡ’. Vietnam is very diversified on a sociological point of view. Many regions are very isolated for several reasons. For example, if you go to the Mekong Delta (Miền Tây), you have to take a boat to reach some orphanages. There, every block of houses is surrounded by water. Or if you go in the center of Vietnam, in the mountains, the access to the villages is also difficult. There are only a few dirt roads. You are surrounded by the florests and the minorities speak their native languages! Finally, when you go to the countryside, you meet people who are working by hands in the rice fields. Some use buffalos to plough! In all this regions (Mien Tay, region of the mountains, countryside), people very rarely see foreigners. They can hardly imagine how is the life of other people in big cities like Hanoi or Saigon or the life of people from abroad.Usually, a child doesn’t smile to strangers but to familiars. It happens to me many times that when I met children, they were ‘mắc cỡ’ or even afraid of me, a ‘Ông Tây’. For our group, to reach the several regions of Vietnam and to enter in contact with the isolated people is a way to tell them: “Don’t be afraid. We are different but we are friends and we can become familiars to one another”. To give a smile to children is to help them to discover that people from other regions of Vietnam and people from outside Vietnam are willing and happy to meet and spent some time with them.
- “Dưng mắc cỡ!” « Ne sois pas gêné ! » Il n’est pas rare de croiser des enfants qui à l’approche d’un étranger, n’ont pas envie de rire, parce qu’ils sont gênés. Le Vietnam est un pays sociologiquement très diversifié. Beaucoup de régions sont très isolées et ce pour diverses raisons. Par exemple, si vous voyagez dans la région du Delta du Mékong, (Miền Tây), vous devez prendre le bateau pour rejoindre certains orphelinats. Ici, les pâtés de maisons sont encerclés par l’eau. Si par ailleurs, vous allez dans le centre du Vietnam, dans les montagnes, vous verrez que l’accès aux villages est aussi difficile. Vous devez emprunter des chemins de terre. Vous traverserez des forêts et rencontrerez des minorités qui parlent leur propre dialecte. Si encore, vous décidez de visiter la campagne, vous croiserez des gens qui travaillent dans les champs de riz. Certains utilisent même des buffles pour labourer ! Dans ces différentes regions (Miền Tây, les montagnes ou la campagne), les gens voient rarement des étrangers. Ils ont du mal à s’imaginer comment est la vie des gens de la ville à Saigon ou à Hanoi ou à l’Etranger. Généralement, un enfant ne sourit pas à un étranger, seulement à quelqu’un qui lui est familier. Cela m’est souvent arrivé de rencontrer des enfants qui étaient gênés ou même craintifs vis-à-vis de moi, un ‘Ông Tây’ (étranger). Pour notre groupe donc, atteindre les diverses régions du Vietnam et entrer en contact avec les gens isolés, c’était une manière de leur dire : « N’ayez pas peur. Nous sommes différents de vous mais nous pouvons apprendre à nous connaître et à devenir amis. » Donner un sourire à un enfant, c’est l’aider à découvrir que des gens d’autres régions du Vietnam ou de l’Etranger sont désireux et heureux de les rencontrer et de prendre le temps d’être avec eux.
“Con bị cảm lạnh không? Vâng, lạnh quá!” “Are you cold? Yes very cold!” When you feel cold, it is not easy to smile! During our trip, we didn’t need to look at the map. It was enough to feel the temperature outside and to see the dress of the people to realize that we were heading to the North. What a difference between Saigon (30 degrees) and Hanoi (15 degrees). In Western countries, most of the people don’t feel so uncomfortable with the cold weather. You just turn the heater on and the problem is solved! But in Vietnam, although the temperature is very low, we saw people working in the rice fields, in the cold water, and we thought that they would be more comfortable at home. But when we visited their home, the temperature was also very low. No heater! For “abandonned little angels” association, to allow children to smile is also to improve their living by giving him food, warm clothes, blankets… This is why every year, “Little abandoned angels” bring food and money to every orphanage. We don’t solve all the problems. We just try to do our best to allow children to smile more frequently!
- “Con bị cảm lạnh không? Vâng, lạnh quá!” “As-tu froid?” “Oui, très froid!”. Quand on a froid, on n’a pas envie de rire ! Pendant notre voyage, nous n’avions pas besoin de regarder la carte pour savoir que nous allions en direction du Nord. Il suffisait d’ouvrir la fenêtre et de sentir la température extérieure. Quelle différence entre Saigon (30 degrés) et Hanoi (15 degrés) ! Dans les pays occidentaux, la plupart des gens ne souffrent pas trop du froid. Il suffit de mettre le chauffage et le problème est réglé ! Mais au Vietnam, bien que la température puisse être très basse, on voit les gens travailler dans les champs de riz, dans l’eau froide, et on s’imagine naïvement qu’une fois de retour à la maison, ils seront au chaud. Mais en visitant les maisons, nous avons pu nous rendre compte qu’elles ne sont pas chauffées et qu’il y fait donc froid ! Pour l’association « Les petits anges abandonnés », inciter les enfants à sourire, cela se fait aussi en améliorant leurs conditions de vie, en leur donnant nourriture, vêtements chauds et couvertures. C’est la raison pour laquelle chaque année, l’association « Les petits anges abandonnés” distribue nourriture et argent à chaque orphelinat visité. Nous ne résolvons pas tous les problèmes. Nous essayons seulement de faire de notre mieux pour que les enfants aient l’occasion de sourire plus souvent!
- “Con biết, cô giáo của con dễ thương!” “Do you know that you have a very nice looking teacher?” When the blind children heard my comment about their teacher, they were smiling! They believed me because although they are bling, in their heart, they knew it already. Their teacher, a nice young girl was so nice with them, was teaching them so well music that it was natural for them to think that she must be nice looking also! During our trip, we met many handicapped children. It is a beautiful and difficult experience at the same time. You wish every child would be healthy, able to do all the things that other children can do: to speak, to listen, to run, to learn. But there is something mysterious in the places we met handicapped children. They were smiling, they were happy! Why is it so? Because people take care of them and give them good reasons to be happy: they have class, they learn to work, and if they are seriously dependent due to their disability, still they know that somebody loves them and take care of them. For sure, the future won’t be easy for most of those children when they will be adults. But as long as they are children, they have the right to a joyful childhood!
- “Con biết, cô giáo của con dễ thương!” “Est-ce que vous savez que votre maîtresse est très jolie ? » Quand les enfants m’entendirent parler ainsi de leur maîtresse, ils se mirent à rire ! Ils me croyaient sans peine parce que bien qu’aveugles, dans leur cœur, ils savaient bien que leur maîtresse était jolie ! Leur maîtresse, une jeune demoiselle, leur enseignait si bien la musique qu’il était bien naturel qu’elle soit jolie ! Durant ce voyage, nous avons rencontré beaucoup d’enfants handicapés. C’est une expérience qui est à la fois belle et difficile. Quoi de plus naturel que de désirer que tout enfant soit en bonne santé, capable de faire ce que font tous les enfants : parler, écouter, courir, apprendre. Mais il y a quelque chose de mystérieux dans les lieux de vie de ces enfants handicapés. Ils sourient et ils sont heureux ! Comment cela est-il possible ? Tout simplement parce que bien des gens s’occupent d’eux et leurs donnent de bonnes raisons d’être heureux: ils peuvent aller à l’école, apprendre un métier, et s’ils sont trop dépendants à cause de leur handicap, ils savent néanmoins que quelqu’un les aime et prend soin d’eux. C’est sûr, leur futur ne sera pas facile, spécialement à l’âge adulte. Mais tant qu’ils sont enfants, ils ont le droit d’avoir une enfance joyeuse!
- Is there something more beautiful than a father or a mother playing with their children? When love and security are present, smiles come naturally. On the opposite, how big is the suffering for adults and children when they are separated. During our trip we met many orphans, most of them handicapped children. In a country where the social system is too limited, it can be very difficult for poor parents to raise a child, especially a handicap child. How can parents take care of handicapped children when they have to go to work the whole day? But surprisingly the orphans we met were smiling, were happy! Why is it so? The thing is that they found adults who love them like mother and father: the religious sisters, the religious fathers, the religious brothers. They are adopted fathers and mothers for these children. Having decided themselves to not have children, there heart is ready to offer love to these abandoned children. And so we saw an atmosphere of joy in the centers we visited.
- Y-a-t-il quelque chose de plus beau sur terre qu’un papa ou une maman jouant avec leurs enfants ? Quand l’amour et le climat de confiance sont présents, le sourire vient de pair naturellement. D’où la souffrance énorme quand parents et enfants sont séparés. Durant notre voyage, nous avons rencontré beaucoup d’enfants orphelins, la plupart handicapés. Dans un pays où le système social est insuffisant, cela peut devenir trop difficile pour des parents que d’élever un enfant, surtout s’il est handicapé. Comment des parents peuvent-ils s’occuper de leurs enfants quand ils doivent travailler toute la journée ? Encore une fois, quelle surprise était la nôtre que de voir des orphelins qui sourient, qui sont heureux ! Comment cela est-il possible? La raison est la suivante; ils ont trouvé des adultes qui les aiment comme mère et père : ces femmes et ces hommes, ce sont les religieuses (les sœurs) et les religieux (des frères ou des prêtres). Ceux-ci, ayant décidé de ne pas fonder de famille eux-mêmes, ont un cœur disponible pour aimer ces enfants abandonés. C’est ainsi que nous avons pu expérimenter la joie qui régnait dans les centres que nous avons visités.
The trip in the whole country was a long one. We made 5000 km, we visited thousands of children. Spontaneously, some children were smiling when they saw us and we smiled back. But more than a furtive smile, the association “little abandoned angels” tries to give the children substantial help to help them to keep smiling during their whole life. We do our best. We won’t solve all the problems of poverty in Vietnam. Like in every country, in Vietnam, some children are smiling when others are suffering. The love many benefactors of the association give to their own children incites them to help the abandoned children to smile also. There is no bigger reward for the heart of an adult than to see a child smiling. Thanks to all the benefactors, especially to Mr and Mrs Toan and the sisters for this marvelous trip. Remembering it, I have good reasons to smile too!
Le voyage dans l’ensemble du Vietnam fut long. Nous avons parcouru 5000 km et visité des milliers d’enfants. Spontanément, beaucoup d’enfants nous souriaient et nous le leur rendions bien. Mais en plus d’un sourire, l’association « les petits anges abandonnés » essaie d’offrir une aide substantielle à ces enfants pour qu’ils puissent sourire leur vie entière. Nous faisons de notre mieux. Nous ne résolvons pas tous les problèmes de la pauvreté au Vietnam. Comme dans tous les pays du monde, il y a des enfants qui sourient pendant que d’autres souffrent. L’amour que les bienfaiteurs de notre association portent à leurs propres enfants les incitent à se préoccuper des enfants abandonnés et à leur donner aussi l’occasion de sourire. Il n’y a pas de plus grande récompense dans le cœur d’un adulte que de voir un enfant sourire. Merci à tous les bienfaiteurs de l’association et spécialement à Mr et Mme Toan et aux sœurs pour ce merveilleux voyage. En y repensant, j’ai bien des raisons de sourire !
Cha Hòa (P.Frédéric)