Rome, la ville éternelle, au mois de Septembre, occasion rêvée de se balader dans ses ruelles étroites, au milieu de vestiges archéologiques, de s’arrêter pour boire un expresso, de manger une pizza ou une glace… Oui, nous avons eu l’occasion de faire un peu de tourisme mais le but de notre séjour à Rome était tout autre, nous étions dix-huit confrères à participer à la rencontre des « nouveaux » supérieurs majeurs de la congrégation, certains, covid oblige, pas si nouveaux que cela dans cette mission. La congrégation travaille dans 60 pays, un tiers des pays environ étaient donc représentés. Nous avons été accueilli par le supérieur général, ses sept conseillers et les confrères qui travaillent à notre maison générale, soit en tout une quinzaine de confrères au service des 2800 membres de la congrégation. Les échanges se faisaient en anglais, français et portugais, même si l’anglais prend largement l’avantage depuis pas mal d’années.
Se rencontrer, c’est d’abord un temps de fraternité, les supérieurs sont en principe des confrères déjà expérimentés et qui ont de belles qualités humaines, un bon esprit de service et le sens de la persévérance. Ils ont évidemment leurs défauts et l’on sait que vivre en communauté pour dix jours est nettement plus léger que de vivre ensemble dans nos communautés de mission respectives pour dix ans ou plus… mais cette fraternité spiritaine était bien présente et pleine de sens. Souvent les supérieurs portent pas mal de responsabilités, idéalement avec leurs proches collaborateurs, mais souvent aussi dans une certaine solitude. Se retrouver, échanger et s’entendre dire que malgré toutes les difficultés, la congrégation est heureuse de pouvoir compter sur nous, cela fait du bien !
Nous vivons dans un monde fragile, où les difficultés ne manquent pas. Il faut trouver les finances pour faire vivre nos missions, certaines communautés spiritaines sont confrontés à l’insécurité ou à l’isolement. Il y a aussi le défi du vivre ensemble, la tentation étant grande chez les missionnaires de suivre leur propre chemin. Beaucoup de confrères sont dans des situations dites ‘irrégulières’, vivant loin de toute communautés et ne se préoccupant pas de la vie communautaire inhérente à la vie religieuse. Il y a ceux qui ont du mal à trouver une mission qui les responsabilise, ceux qui ne sont pas honnêtes du point de vue de leur célibat ou de la gestion de l’argent. Il y a les risques d’abus affectifs, sexuels ou de pouvoir. Etre supérieur requiert de mobiliser les confrères dans des projets qui soient dignes de notre appel : avoir une vie spirituelle profonde, être engagé aux côtés des pauvres, respecter et dialoguer avec des gens qui n’ont pas la même religion que nous. Il y a aussi le volet administratif et les orientations de la Congrégation (les chapitres généraux ou provinciaux) à mettre en pratique.
Pour être un bon supérieur, il faut avoir de la patience, savoir collaborer avec ses pairs, accepter l’imperfection en soi et dans la vie de nos confrères, passer beaucoup de temps pour écrire des courriers, téléphoner, organiser entretiens particuliers et réunions de travail, persévérer dans sa mission et avec tout cela trouver sa joie dans ce que l’on fait. Il faut aussi appprendre à déléguer les responsabilités et travailler ensemble en pouvant s’appuyer sur l’équipe provinciale, l’économe ou le supérieur. Les jeux ne sont pas faits à l’avance, on peut être un excellent supérieur, un supérieur moyen ou un piètre supérieur. La grace qui est donnée, c’est celle de pouvoir grandir en se donnant et de mettre sa confiance en Dieu beaucoup plus qu’en ses qualités personnelles. Et quand vient l’échec sur telle ou telle chose (une relation avec un confrère, un dossier qui n’avance pas, de la fatigue et une certaine solitude), on a toujours l’avantage de pouvoir offrir tout cela par amour pour la Croix du Christ.
Ce qui nous a marqué dans ses dix jours passés au généralat, c’est de voir l’exemple de l’équipe qui travaille à Rome, qui vient de tous horizons, composée de confrères à des étapes différentes de la vie (le plus jeune à 50 ans, le plus agé 67 ans…) Si chacun d’entre eux est là, ce n’est pas pour son plaisir mais avant tout pour servir la congrégation. Un des conseillers disait dans son homélie, « il faut trouver Dieu dans la banalité du quotidien ». C’est bien vrai. Merci à tous ceux qui assument des responsabilités dans la Congrégation. Puissions-nous trouver notre joie dans ce que nous faisons pour le bien de tous.